Revue 2.0 : Repenser la mission des revues savantes en sciences humaines et sociales

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Authorship
  1. 1. Antoine Fauchié

    Canada Research Chair on digital textualities / Chaire de recherche du Canada en écritures numériques

  2. 2. Margot Mellet

    Canada Research Chair on digital textualities / Chaire de recherche du Canada en écritures numériques

  3. 3. Servanne Monjour

    Canada Research Chair on digital textualities / Chaire de recherche du Canada en écritures numériques

  4. 4. Nicolas Sauret

    Canada Research Chair on digital textualities / Chaire de recherche du Canada en écritures numériques

  5. 5. Marcello Vitali-Rosati

    Canada Research Chair on digital textualities / Chaire de recherche du Canada en écritures numériques

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Quels savoirs pour demain ? À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, on assiste à un progressif phénomène de commercialisation du savoir qui change la nature de ce dernier (Guédon et Loute 2017). L’intervention du numérique ouvre à nouveau des possibilités de changement du savoir, tout en en accentuant l’aspect commercial (Kaplan 2014). La présence des grands acteurs commerciaux du web, que l’on peut cerner approximativement avec l’acronyme GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), ainsi que la montée en puissance de cinq éditeurs académiques en SHS (Elsevier, Taylor&Francis, Wiley-Blackwell, Springer, Sage, cf. Larivière, Haustein, et Mongeon 2015), sont une manifestation claire de cette intensification opérée par la conjonction du numérique et du commercial : elle produit un effet quasi-hégémonique sur la connaissance et les savoirs en les assujettissant à une uniformisation linguistique et épistémologique sans précédent (Sordi et Fiormonte 2019). Dans ce cadre, l’hégémonie de l’anglais et d’une vision du monde propre à certaines élites nord-américaines (Morozov 2012, 2013) est déjà la réalité de notre époque et menace de s’amplifier dans un futur proche (Wormser 2018).Comment contrer ce modèle ? Comment garantir que les savoirs de demain soient fondés sur une pluralité de visions du monde, de langues et de cultures ? Comment faire en sorte que ces savoirs ne soient pas orientés par les intérêts commerciaux, et conservent bien une dimension publique et collective ?Ces questions sont au centre du projet de développement partenariat Revue 2.0 (dont les résultats préliminaires sont disponibles sur le site http://revue20.org). Cette vaste enquête, menée en partenariat avec les principaux acteurs de l’édition savante francophone en sciences humaines (SH), nous a démontré que les revues, en tant que reflet de communautés de recherche, constituaient de véritables lieux d’expérimentation de nouvelles formes de production du savoir. Historiquement, elles ont su s’adapter à différents paradigmes. Elles ont été des ateliers de la pensée dans le monde de l’imprimé en créant par exemple des formats de diffusion originaux selon le contexte matériel ; dans un domaine comme celui des SH où la forme monographique reste le support privilégié et le plus institutionnel pour diffuser les résultats d’une recherche (Larivière et Lobet 2018), les revues ont su expérimenter et innover, ouvrir des espaces autres, permettre la conversation et le dialogue au sein des communautés scientifiques (Vitali-Rosati 2018). Elles ont garanti l’existence d’une multiplicité d’approches, de modèles épistémologiques et de visions du monde. Or, là où l’on pouvait penser que les revues devaient mieux opérer leur remédiation pour s’adapter à l’environnement numérique, nous avons au contraire compris grâce à l’enquête Revue 2.0, que de par leur multiplicité et leur diversité, les revues peuvent contribuer à la richesse et à la diversité des environnements numériques, aujourd’hui constitués en un espace hégémonique.Le projet Revue 2.0 vise à repenser le rôle des revues savantes dans les sciences humaines et sociales et à accompagner les acteurs de l’édition scientifique dans leur transition numérique, pour faire en sorte que les revues savantes en SH restent les protagonistes des savoirs de demain, en garantissant ainsi dans l’espace numérique une pluralité de modèles, de langues et de cultures, tout en préservant la dimension publique des savoirs.Les revues sont un terrain d’expérimentation privilégié pour imaginer de nouveaux modes de production, diffusion et légitimation du savoir à l’époque du numérique (Vitali-Rosati 2014) qui permettent de relever un défi décisif : préserver la possibilité d’une connaissance multiple et plurielle et rester les acteurs au fondement des différents modèles épistémologiques qui structurent le savoir.Au début des années 1990, la naissance des premiers diffuseurs scientifiques numériques comme Muse a été suivie dans le domaine francophone par la création d’OpenEdition ou d’Érudit. Il était alors question de convaincre les revues d’investir les environnements numériques. Vingt ans plus tard, comme nous l’a démontré le projet Revue 2.0, ce passage a été accompli, et les revues se sont inscrites dans des écosystèmes de diffusion qui, par contre, ne prennent pas suffisamment en compte leurs spécificités. Les revues réalisent aujourd’hui que pour conserver leur diversité éditoriale et épistémologique, il est nécessaire de questionner ces écosystèmes et d’imaginer de nouveaux modèles, en évitant l’homogénéisation. Si les vingt dernières années ont été celles du passage au numérique, les dix prochaines seront celles de l’émergence de nouveaux régimes de connaissance et de la diversification des espaces numériques.

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ADHO - 2020
"carrefours / intersections"

Hosted at Carleton University, Université d'Ottawa (University of Ottawa)

Ottawa, Ontario, Canada

July 20, 2020 - July 25, 2020

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Conference cancelled due to coronavirus. Online conference held at https://hcommons.org/groups/dh2020/. Data for this conference were initially prepared and cleaned by May Ning.

Conference website: https://dh2020.adho.org/

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Series: ADHO (15)

Organizers: ADHO